Jean-Luc François, un styliste français de renommée mondiale est de passage au pays pour donner des formations à 16 stylistes malgaches qui participent au projet «Naturellement Urbain». Rencontre avec l’artiste (*).
Les Nouvelles : Quel bon vent vous amène à Madagascar?
Jean-Luc François (-) : En réalité, je suis à Madagascar, grâce à Batik international, le conseil régional d’île de France et l’IMV. Comme on avait commencé de faire comme ça un travail plus ou moins identique au Vietnam, la responsable de Batik international m’a parlé toute suite de Madagascar. J’ai pris des renseignements sur le pays, j’ai fait une étude sur l’île, les créations et les artisans…Et j’ai trouvé intéressant de venir ici et de rencontrer tout le monde.
Vous qui êtes un styliste plus ou moins voyageur, qu’ est-ce qui vous intéresse particulièrement à Madagascar ?
-J’avais des amis qui étaient déjà venus plusieurs fois ici et qui m’ont parlé qu’il s’agit d’une très belle île, les gens sont adorables et les Malgaches sont des gens à connaître. Et c’était un premier point. Mais très sérieusement, ma priorité est d’aider les jeunes et les femmes dans tous les pays, autour des métiers d’art et de la mode. Pourquoi ? Parce que je considère que dans tous les pays, tout le monde a sa chance et qu’il y a des créateurs dans le monde entier. A mon âge alors, il m’importe d’aider les jeunes stylistes à y arriver et à devenir indépendants.
Qu’avez-vous à apporter aux stylistes malgaches à travers cette rencontre ?
-J’ai apporté mon expérience, parce que moi, j’ai commencé aussi à une époque où j’avais leur âge et que j’ai aussi rencontré des difficultés. Mais, j’ai eu la chance de rencontrer très vite des professionnels, des gens extrêmement connus et des gens qui avaient énormément de moyens et de l’expérience. Mon but alors est de leur faire profiter de mon expérience et d’amener des éléments qui n’existent pas dans le pays. Ce matin, (ndlr, hier), par exemple, on a fait un cours sur l’histoire du vêtement. A Madagascar, il n’y a pas d’écoles où il y a des cours sur l’histoire du textile et du vêtement. En fait, je donne des cours à l’Université, dans des écoles de mode, donc, je peux donner aussi des cours ici. L’objectif est de former des personnes malgaches pour qu’ils puissent après donner des cours à leur tour. Car, je ne peux pas toujours venir ici toutes les semaines.
Qu’avez-vous appris à travers cette rencontre?
En les rencontrant, j’avais l’impression de me retrouver à l’époque où j’avais vingt ans, et c’était très émouvant. Je me suis également rendu compte que les problèmes sont toujours les mêmes. Mais il n’y a pas visiblement que ça, c’est qu’en réalité, j’ai rencontré des êtres humains, des gens qui avaient des personnalités, des envies et des créations…Tout cela pour moi est très important. Mais quand j’ai fait ce genre de voyage, je reviens toujours avec quelque chose aussi pour moi. C’est, entre autre, la façon de voir les choses différemment. C’est ça l’importance des rencontres.
Comment voyez-vous la mode à Madagascar?
Je n’ai malheureusement pu visiter que deux ou trois boutiques qui représentent sincèrement la mode malgache. Mais j’ai eu beaucoup de chances de pouvoir rencontrer ces stylistes qui ont un style. Le travail qu’ils font est extrêmement actuel. Ce sont vraiment des gens actuels. Les stylistes que j’ai rencontrés ici, ce sont des stylistes que j’aurai pu rencontrer à Paris, dans les cours où les formations au sein des maisons de prêt-à-porter de Paris. C’est pour ça qu’il faut leur donner cette chance pour qu’ils puissent aller plus loin si-non, tour à tour, ils vont arrêter.
Propos recueillis par Vonjy M.
(*) La présence de Jean-Luc François à Madagascar entre dans le cadre du projet Naturellement Urbain (NU) initié dans le cadre du programme Art Mada II, par l’Ambassade de France, avec le soutient de l’IMV, qui consiste en la formation de 16 stylistes, mise en place en partenariat avec Textile Mada, très impliquée en matière de responsabilité sociale des entreprises.